vendredi 27 mai 2011

Juillet approche...


Cette histoire date d'un temps très lointain où chaque année et à plusieurs occasions, la procession passait dans les rues du village.

Chaque fois que le cortège, curé en tête, défilait dans la rue où il habitait, Raymond, un homme par ailleurs assez paisible, manifestait sa mauvaise humeur en criant par la fenêtre grande ouverte de sa chambre : "Le Tour de France passe ! V'la le Tour de France qui passe !"

Croyez-moi, il hurlait plus fort que les maraîchers, le Raymond et il ne privait pas de le faire depuis le moment où le cortège était au coin de sa rue jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue.

Il faut dire que depuis que la jolie fille qu'il courtisait avait décidé d'entrer au couvent une cinquantaine d'années plus tôt, Raymond s'était mis à détester les curés, le clergé et toutes les manifestations religieuses. Alors, depuis ses vingt-deux ans et jusqu'à sa vieillesse, il garda cette habitude de s'en moquer.

Pour rien au monde, il ne se serait absenté du village un jour de procession. Tant il était excité, il passait une nuit blanche la veille de l'événement.

Et puis vint ce samedi de juillet où Raymond rendit le dernier soupir ! On fixa la date des funérailles au mardi suivant ! Ce mardi-là, Clémentine sa femme, malgré le chagrin, eut un petit sourire. En effet, pour conduire son époux jusqu'à dernière demeure, il fallut faire un long, très long détour à travers le village parce que ce mardi-là, eh bien, le Tour de France passait par les routes que devait emprunter le cortège funèbre pour rejoindre le cimetière !

Beaucoup de villageois virent là un signe du ciel, même une sorte de châtiment. Même Clémentine qui en voulait toujours à son époux d'avoir manifesté un si fidèle attachement à son premier amour, applaudit à cette soi-disant justice divine…

dimanche 1 mai 2011

DU MUGUET POUR LA PAIX


Anne attend, au volant de sa voiture, son fils Florent qui est allé acheter un pain. Elle observe Catherine qui passe avec son chien. Elle baisse la tête. Elle hausse les épaules. Elle se souvient du temps où elles étaient les meilleures amies du monde. En ce temps-là, elles avaient choisi de faire les mêmes études afin de rester ensemble le plus longtemps possible. Et puis, il y avait eu l'incident. Sa grand-mère qui était veuve, s'était mise en ménage avec le compagnon de la tante de Catherine. Du jour au lendemain, il leur était devenu impossible de demeurer amies. Plus une parole, plus un sourire entre elles puisqu'elles appartenaient à des camps opposés.

Les années ont passé. Anne et Catherine se sont mariées, ont eu des enfants. Les deux amoureux par qui la rupture était venue entre les deux familles se sont séparés mais la rancune est demeurée ! Bien que Catherine et Anne habitent le même quartier, elles vivent donc en feignant de s'ignorer.

Quoiqu'il ne connaisse pas les détails de l'affaire, Florent est bien conscient de cette animosité qui règne entre les deux familles. Il voudrait quelquefois jouer avec Alice et Ben, les deux enfants de Catherine mais il n'ose enfreindre l'interdit !

Ce premier mai, le muguet est fleuri dans le jardin d'Anne. Alors, Florent en cueille. Il fait le tour du quartier. Il en offre aux amis. Pourquoi n'en offrirait-il pas à Catherine ? L'idée lui est venue, soudainement, chemin faisant.

Les mots affleurent sans qu'il les cherche. "C'est de la part de Maman." Pour Catherine, c'est un rêve. Anne lui envoie du muguet ! Aussitôt, elle va cueillir, quelques brins dans son propre jardin. "Tu la remercieras. Tu les lui offriras de ma part."

"C'est de la part de Catherine". Pour Anne, c'est aussi un rêve, Catherine lui donne un brin porte-bonheur.

Un coup de fil de remerciement et les deux femmes se revoient. Oubliées les amours interdites, les querelles qui ne les concernaient pas !

De la part du bonheur, un pas vers la réconciliation ! De la part de la paix, abandonner la rancune, accorder un pardon, offrir un mot, un sourire, un clin d'œil, une fleur !