dimanche 21 décembre 2008

Le voici donc ce fameux texte retenu par le Jury du concours de contes de Surice !

Si vous désirez en savoir plus sur notre prestation, rendez-vous sur Facebook, c'est bien trop long à expliquer ici !

LA PERSÉVÉRANCE DE JEANNETTE

Son mari à peine parti pour de longues journées de pêche, une femme tombe malade. La voilà tout à coup fiévreuse, somnolente, affaiblie, incapable de faire un pas sans se tenir à un meuble ou à un mur. Dans un court moment de pleine lucidité, elle appelle Jeannette, sa fille unique.

« Jeannette, mon poussin, va me chercher une petite cruche d'eau à la source du hameau voisin. Il paraît que boire de cette eau rend la santé aux plus faibles. Fais vite et ne te laisse pas distraire. »

Selon son habitude, Jeannette ne se laisse pas rebuter par la tâche. Il lui faut juste rapporter de l'eau de la source située à environ un kilomètre. Une corvée banale, aisée pour une fillette de douze ans, robuste et dynamique. Jeannette marche donc jusqu’à la source, elle y remplit la petite cruche de porcelaine qu'elle a emportée. Sur le chemin du retour, Jeannette sautille joyeusement. N'a-t-elle pas trouvé l'eau miraculeuse qui guérira sa mère ? Mais voilà qu'elle trébuche sur un mauvais caillou. Jeannette garde l'équilibre. Cependant, la cruche tombe et se casse, l'eau se répand sur le sol. Qu'importe, pense Jeannette, je repartirai avec une cruche d'étain.

Sitôt rentrée, elle se confie ainsi à sa mère. « Maman, la cruche est tombée et s'est cassée. Permets-moi de prendre une cruche d'étain. Ainsi, il ne m'arrivera plus d'accident. »

Jeannette repart donc, plus vive qu'une pie. Elle arrive à la source, remplit sa cruche d'étain et s'en revient chez elle. Mais survient une soif si grande, si rare, si impérieuse, qu'à proximité de sa maison, Jeannette ne peut s'empêcher de boire un peu d'eau de la cruche.

Quand, rentrée chez elle, Jeannette tente de verser un peu d'eau dans un verre afin de le porter à sa mère, elle s'aperçoit que la cruche est tout à fait vide. Plus le moindre filet d'eau. Jeannette secoue énergiquement le récipient. Rien. Pas la moindre goutte… Pourtant, Jeannette se souvient avoir juste bu une simple gorgée du précieux liquide. Elle s'est à peine rafraîchie alors qu'elle avait une si grande soif !

« Maman, l'eau s'est évaporée de la cruche. Je m'en vais retourner là-bas avec une cafetière métallique munie de son couvercle. Ainsi, je serai à l'abri de tout accident. »

Jeannette s'en repart aussitôt. Elle vole plus qu'elle ne marche. Elle chantonne. Jamais une bonne idée ne lui fait défaut. Jeannette atteint la source, remplit la cafetière et s'en revient chez elle. Soudain, surgit une femme vêtue de noir. « Je t'ai vue remplir la cafetière. Donne-moi à boire, mon enfant. En échange, je t’offre ce bracelet d'or qui rend fort celui qui le porte. » Jeannette sûre de contenter à la fois sa mère et la femme, accepte le marché.

Sitôt l'échange réalisé, elle glisse le bracelet à son poignet. A pas de géant, elle revient à la maison. La cafetière ne pèse à présent pas plus qu'un petit pois. Jeannette chante et son chant remplit la nature tout entière comme celui d'un ténor.

Jeannette un peu gênée de la métamorphose de sa voix, se confie de nouveau à sa mère. « Maman, je n'ai point d'eau. Mais j'ai un bracelet qui te donnera plus de force que tu n'en as jamais eu. » Jeannette passe le bracelet au poignet de sa mère qui se relève prestement, alors un tel tournis la prend qu'elle manque de s'effondrer à chaque pas.

« Jeannette, va me chercher de l'eau à la source. Surtout, laisse le bracelet ici de crainte qu’un brigand te le vole ! » La voix de sa mère est grave, le ton est impératif pareil à celui de quelque génie.

Jeannette s'en repart donc. Elle est épuisée par tant de route. Elle avance à grand peine. Plusieurs fois, elle trébuche. Plusieurs fois, elle laisse tomber la cafetière. Quand enfin elle atteint la source, il fait presque nuit, elle a faim et soif, elle a mal aux pieds. Puisque l'eau est supposée avoir de tels pouvoirs, Jeannette en verse un peu sur ses pieds. Elle espère un soulagement immédiat. La douleur ne s'apaise pas, au contraire. Jeannette boit alors l'eau de la source, elle en boit et boit encore jusqu’à s’en trouver enivrée. Elle s'endort là sur les pierres, au pied de la source.

Au petit matin, quand elle se réveille, Jeannette lève les yeux et est émerveillée. Des fleurettes ont poussé tout autour de la source. Des papillons tournoient. Elle reconnaît, assise auprès d'elle, la femme vêtue de noir qu'elle a rencontré la veille.

« Lave-toi mon enfant, bois de cette eau et remplis la cafetière. Tu m'as secourue hier, je vais t'aider à mon tour. » Et la fillette grimpée sur les épaules de la femme rejoint la maison de sa mère. A peine celle-ci boit-elle l'eau de la cafetière qu'elle retrouve santé et équilibre.

Quant au bracelet, ce fut le père de Jeannette qui le porta, pour remonter plus facilement ses filets remplis de poissons !

vendredi 19 décembre 2008

Une bonne critique...

Voic la critique de mon dernier livre "Nouvelles entre chien et loup" que je viens de recevoir de Daniel Plasschaert, un autre auteur de Chloé des Lys et qui avait acheté mon livre à Tournai la Page.

Merci Cher Daniel pour les gentilles choses que tu en dis !

"... Entre rencontres inattendues ou espérées, attendues et rêvées. Entre bancs et fontaines, chambres d'hôpitaux et tables de restaurants, les personnages de ces nouvelles posent des questions au lecteur; une de ces questions parle de la fragilité du bonheur et du destin.

En un instant, tout peut basculer dans une vie. Dans un sens comme dans un autre, il suffit d’un regard, d’un objet, d’une attention qui se porte sur un détail insolite, d'un rayon de lumière, d'une toute petite décision prise au début de la journée.

À la lecture de ces nouvelles, on est tenté de jeter un pont entre elles et sa propre vie. On découvre des liens, des similitudes ou on les invente, on se revit en miroir, on pénètre dans le récit, on en fait partie. Quelquefois nous vient l’impression de suivre tel ou tel personnage, dans la rue, dans un parc, on s’assied à sa table, on l'écoute parler ou penser. On anticipe ses réactions, on l’observe et l’on suit le cheminement de ses sentiments.

J’ai croisé Simenon dans ces atmosphères, certaines descriptions. Ce n’est pas Simenon, c’est sa compagnie discrète, en arrière plan. Comme s’il rêvait que ces petits tableaux psychologiques puissent devenir des intrigues. On n’en est pas loin.

L’un ou l’autre de ces personnages n’aurait-il pas des intentions cachées ? On ne le saura peut-être jamais. Où alors c’est à nous de pousser l’écrivain à devenir détective, oui, détective des âmes... "

mardi 2 décembre 2008

Pour les curieux...


Voici la préface que mon formateur en PNL, Jean-Luc Hoster, a bien voulu écrire pour "Comment rendre votre quotidien plus plaisant ? Avec la P.N.L." :

J'ai accompagné Micheline dans son trajet de formation à la PNL.

Je lis son livre, je pense à elle, je la vois, je l'entends. Elle est discrète. Elle interroge. Micheline veut comprendre, comprendre tout.

Curiosité. Bouche grande ouverte. Elle note, elle travaille ses notes, elle les distribue généreusement aux autres participants. Partage.

Certains utilisent la voix pour enrichir un groupe ou un monde, d'autres la danse, la peinture, la poésie. Micheline a choisi l'écriture. L'écriture comme véhicule, comme moyen de transport.

Elle embarque les voyageurs sur des phrases courtes, des phrases qui se relient, qui deviennent des histoires. Les voyageurs sont accueillis, pris en main, ils en oublient leur escale tant ils sont pris par la narratrice qui décore le réel avec bienveillance.

Micheline conduit ses pèlerins du cœur vers l'autre rive. Micheline est une passeuse, elle fait passer les gens. C'est aussi sa manière à elle de passer.

Sur cette autre rive, un fanion : Micheline a écrit trois mots : "respect - ouverture - bienveillance".

Le voyageur attentif entend dans le murmure du feuillage, un oiseau chanteur qui entonne délicatement les mots que Micheline met en musique : "la vie est belle, tu la construis..."

Après une approche structurée et rigoureuse où Micheline présente la PNL et certaines de ces applications, ce livre nous invite à l'expérimenter au quotidien.

jeudi 23 octobre 2008

TESTAMENT


Tout ce que j’ai tenu un instant dans les mains :
Voiles de brumes et silences amnésiques,
Halos de regrets et parfums défigurés,
Vagues de vent et images blessées.
Tout cela, illusion d’un matin ou d’un soir.

Tout ce que j’ai tenu dans mes paumes :
Les chants perdus de l’été,
Les aiguilles sur le cadran rouillé,
Les secondes nourries de chimères,
Les neiges délayées des après rendez-vous,
Les larmes, les craies de couleur,
Les cailloux veinés de blanc.
Tout cela, souvenirs et zestes de temps.

Tout ce qui s’est trouvé au bout de mes doigts :
Dragons de papier,
Ombres chinoises,
Feuilles mortes,
Morceau d’écorce.
Tout cela inutiles grigris,
Toboggan vers une enfance morte.

Tout ce que j’ai gardé dans mes mains fermées :
Tourbillons de baisers pareils à des papillons instables,
Mots d’amour murmurés,
Caresses hésitantes,
Cœur étourdi.
Tout cela secret, feu éteint à jamais.

Tout ce que j’ai tenu dans mes mains tremblantes :
Visage boursouflé par le chagrin,
Corps meurtri,
Corps brûlant,
Corps inerte.
Tout cela accident du désir, panne de bonheur.

Tout ce que j’ai saisi entre le pouce et l’index :
Premier cheveu gris,
Première cigarette,
Bout de ficelle dorée,
Bout de dentelle déchirée.
Tout cela, usure du temps, promesses avortées.

Tout ce que j’ai gardé dans mes mains :
D’autres mains,
Une boule de cristal, un carnet,
Un crayon ordinaire, une bague.
Tout cela, parenthèse de joie
Et vanité des vanités face à la grande faucheuse.

L’ENFANT POURPRE


L’enfant pourpre, l’enfant à l’écharpe pourpre et aux chaussures pourpres, allongé sur le banc, fixe le toit de verre de la salle des pas perdus. L’enfant somnole peut-être. Sa mère assise à ses côtés passe la main sur le front chaud. Visage crispé, elle porte le masque des douleurs contenues. Sa peau est pâle, ses yeux sont noirs, immenses et vides. Elle pense à ce fils qu’elle a perdu, que des voyageurs ont retrouvé mort dans les toilettes de cette gare. Elle revoit cet autre enfant, celui qui a été victime d’une overdose, celui qui ne faisait que rêver sa vie.

Chaque jour, la mère emmène l’enfant pourpre au même endroit. Elle s’assied sur le même banc, regarde les gens qui vont et viennent, soupçonne l’un ou l’autre sans avoir jamais de certitude. Le soupçon naît si vite, de petits riens, d’une casquette mal posée, d’un jeans trop délavé, de mains trop enfouies dans des poches, d’un petit paquet qu’elle devine caché à l’intérieur d’une veste.

La mère le voit s’approcher, blouson en jeans, barbe de trois jours, mains dans les poches. Elle le voit et croit le reconnaître. Ce visage-là, anguleux et gris, cette marche-là, lente, mécanique ont pour elle quelque chose de familier.

La mère se lève, prend la main de l’enfant pourpre, dit : « Debout mon poussin. Suis-moi. » L’enfant et sa mère quittent la salle des pas perdus, s’aventurent sur le quai numéro un, prennent l’escalator, s’avancent dans le souterrain et montent l’escalier qui mène à la voie douze.

Sur le quai, il n’y a que trois personnes. La mère ne voit que lui, le jeune en jeans, elle ne le quitte pas des yeux. Il fait les cent pas à quelques mètres d’elle. Au lointain, dans une longue plainte un train freine avant de heurter un butoir. Elle se retourne et cherche à voir d’où vient ce bruit. Bref instant de distraction. Quand elle veut de nouveau observer le jeune homme en jeans, elle remarque qu’il s’est approché d’une jeune fille blonde et lui dit quelques mots. Cela se passe très vite. En s’éloignant du garçon, la blonde fourre quelque chose en poche.

L’enfant pourpre tire sur la jupe de la mère qui n’y prend garde. Elle maudit tout à la fois le train et le butoir et sa curiosité. Elle maudit la terre entière et Dieu qu’elle a supplié en vain de l’aider à faire justice.

L’enfant pourpre s’est baissé, il tripote entre ses doigts un morceau de papier rose, parvient à en extraire un bonbon jaune qu’il porte à la bouche et commence à le mâchonner. Il lève les yeux vers le ciel et bredouille : « Oh le cerf-volant… » mais la mère ne réagit pas. Son regard n’arrive plus à se détacher du jeune homme. Elle donnerait tout son avoir pour savoir ce qui s’était passé entre lui et la fille blonde. Pour elle, il n’y avait que cela qui importait. Un fâcheux bruit l’a détournée de l’objet de son obsession et elle s’en veut.

L’enfant pourpre a trop chaud. Son visage ruisselle de sueur, il agrippe la main de sa mère en bafouillant : « Maman, j’ai mal au ventre ! »

Aucune réaction de sa mère qui ne cesse de regarder le jeune homme. Au fil des minutes, ses soupçons deviennent certitudes. Ce jeune homme ne peut être que le dealer qu’elle attendait. Cette fois, elle a juré de ne plus se laisser distraire. À l’horizon, dans l’entrelacs de rails, pointe un train. Du haut-parleur s’échappe une information : « Attention voie douze l’international… » La mère sait ce qu’elle doit faire. Elle laisse l’enfant pourpre tremblant et malade après lui avoir dit : « Reste ici. Sois sage ». Elle va se placer à proximité du jeune homme. Quand le train s’approche, elle pousse violemment le jeune homme qui tombe sur la voie sans même émettre un cri.

Mort pour mort, crime pour crime. C’est cela sa justice maternelle…

Allongé sur le sol du quai, l’enfant pourpre fixe le ciel où les nuages ont forme de cerf volant, d’anges et de dragons…

Son forfait accompli, la mère rejoint l’enfant pourpre. Elle s’accroupit près de lui, caresse son front, murmure « Lève-toi mon poussin. Lève-toi ».

L’enfant reste immobile, un sourire figé au bord des lèvres. Dans cette gare, elle aura tout perdu.

mardi 16 septembre 2008

VOYAGES PARALLÈLES

Ô ma Solange, tu m’as quitté. Tu viens de me déposer au Centre d’Accueil Temporaire « Les Lilas ». Dès que je suis sorti de la voiture, j’ai été happé par les odeurs. Les jardins qui entourent la grosse villa embaument la rose et l’herbe coupée. D’un coup, je retrouve quelque chose de ma jeunesse. Le grand parc près de la maison de grand-père, les gazouillis d’oiseaux, les parfums de lys, d’œillets, de lavande. Te souviens-tu de ce parc où nous avions posé pour les photos de nos fiançailles ?

Ainsi, ma Solange, tu m’abandonnes aux mains d’infirmières, tu me laisses en compagnie de personnes peu ou prou handicapées. Aux « Lilas », on accueille des gens qui sont, comme moi, incapables de vivre seul. D’après le docteur Maret, je présente des signes de démence sénile. Je suis juste un peu plus angoissé que je ne l’ai été durant toute ma vie active et j’ai juste quelques petites pertes de mémoire, ma Solange. Rien de plus, je te l’assure.

Solange, ma Solange, tu es en route pour l’Italie avec ton amie Jeannette. Tu as pris la décision pour moi : « Changer chaque jour d’hôtel, c’est impensable pour toi. » Tu t’es excusée : « Tu sais, j’ai besoin de changement. Une semaine de vacances, ça passera vite ! »

Il est midi, ce vingt-cinq août. Je vais prendre mon premier repas aux « Lilas ». Dans la salle à manger, les tables sont dressées. Nappes en coton blanc damassé, assiettes blanches décorées de fruits rouges, soliflore garni d’une rose rouge sur chaque table. Une vraie salle de restaurant, ma Solange !

Il est midi. On nous sert un apéritif sans alcool, un bitter, accompagné de petits légumes au vinaigre. Un régal, ma Solange.

Ton Pierre goûte à ces bouquets de chou-fleur croquants et parfumés, à ces lamelles de poivrons, à ces carottes ! Ton Pierre est attablé en compagnie de Marguerite, une petite vieille élégante en chaise roulante, qui sent le patchouli comme ta cousine Léa et aussi de Christophe, un homme encore jeune qui s’est fracturé les deux jambes.

Après cet apéritif, ma Solange, on nous sert un minestrone. Il dégage un tel fumet, ma Solange, que cela te mettrait sûrement l’eau à la bouche. L’ail et le basilic, la poitrine fumée, tu sais, ces ingrédients que tu y mets chez nous.

Une pause d’une demi-heure. Rien que du bonheur quand Marguerite essuie ses lèvres à la serviette. Au patchouli se mêle un parfum de vanille. Cette femme émet des « hé bien » qui ont l’élégance des répliques d’Edwige Feuillère. Christophe nous raconte son accident de ski nautique. Un casse-cou, ce Christophe. À quarante ans, on se croit invincible. À soixante-neuf, comme moi, on s’angoisse. À quatre-vingt-huit comme Marguerite, on se laisse vivre.

Deux cannellonis aux pleurotes et canard. Ah, cette farce, ma Solange. Cette farce, ses effluves de persil. Sentir puis goûter. Laisser fondre en bouche le canard, la pâte, le morceau de pleurotes. Se taire. Regarder briller le regard de Marguerite. Voir sourire Christophe, le voir joindre pouce et index. Le bonheur de manger multiplié par trois. La lenteur devenue recette du plaisir. La vertu du bien manger ! Rien qu’un peu de Mozart. Rien que des saveurs et des parfums. Je ferme les yeux, ma Solange.

Le docteur Maret a conseillé de me suralimenter. La bonne consigne ici, crois-moi.

Nos assiettes sont vides. Marguerite bavarde. J’entends « galettes, fruits de mer, fromage, pommes, vanille, cidre… » Les paroles de Marguerite m’emmènent ailleurs. Je suis repu. Je pense à la Bretagne. Je revois la mer sauvage qui s’emporte contre les folies humaines. Je sens le sel sur tes lèvres, ma Solange.

Dans un petit ravier, un tiramisu. L’onctuosité du mascarpone, la touche d’Amaretto. Le pouce et l’index de Christophe joints. Une pose cocasse pour un sportif comme lui !

C’est d’un drôle, mon cœur.

« Thé ou café ? » « Café » Tu vois, moi aussi ma Solange, j’ai fait un petit voyage. Ce soir, ce sera tomates mozzarella, ciabata, pastèque. Christophe est au courant des menus. « J’ai deux moyens de m’évader d’ici. M’imaginer dans la salle de musculation que je fréquente habituellement deux fois par semaine et repenser aux endroits où j’ai déjà dégusté les plats qu’on nous prépare ici. Sans ça, quatre semaines ici, ce serait vraiment dur. »

Je vais jusqu’au petit salon. Je m’assoupis, ma Solange. Me viennent des images du lac de Garde, de Venise, de Milan. Je suis avec toi, mon cœur…

dimanche 17 août 2008


VIE DE MARBRE CONTRE VIE DE CHAIR

Il neige sur Paris. Il neige sur le petit parc, sur les bancs, sur les arbres, sur les gravillons, sur l’herbe, sur la statue de l’ange qui se trouve au milieu de la pelouse. Les flocons tombent sur la ville. Ainsi s’éloignent les pas du temps…

Sous des apparences paisibles, l’ange grelotte. Impossible pour lui de rester là plus longtemps.

L’ange de marbre s’en va. Ainsi s’éloignent les pas du temps, ainsi s’en vont du fond de la mémoire, à un rythme mesuré, les souvenirs les plus anciens.

L’ange de marbre a décidé de s’éloigner à jamais. La neige et le froid piquant qui engourdissait ses membres ont eu raison de sa patience. Il ne reviendra pas. Il ôte ses ailes, il les dépose délicatement sur un banc. Il va voir ailleurs, il va chercher un peu de chaleur, un peu de tendresse.

Il avance vers la grille. Il franchit la porte d’entrée. Il aperçoit le bar. Il voit les lumières dorées qui habillent la salle. Il entend la musique. Il regarde à la fenêtre. Il remarque le pianiste qui joue au fond de la salle.

L’ange de marbre entre dans le bar. Les vieux joueurs de carte, le pianiste, le barman, le facteur, les employés qui prennent leur petit noir serré au comptoir, personne ne lui prête attention. Il se dirige vers le vestiaire. Il enfile une veste grise qui pend au portemanteau juste à droite. Il passe les doigts dans ses cheveux, il se tapote les joues. Il se réchauffe. Il reste là, face au miroir.

L’ange de marbre se regarde. C’est la première fois qu’il se dévisage. Il se trouve beau, désirable et même tout à fait charmant. Pourquoi sacrifier sa vie comme il le fait ? Pourquoi rester sur un socle, subir les outrages des pigeons, recevoir les boules de neige que lui lancent les enfants ?

L’ange de marbre hésite. Il voudrait voyager mais où aller ? Il se retourne. Il entrouvre la porte. Il jette un coup d’œil à la salle. La musique monte, les voix se font plus insistantes.

"Tu es distrait Alphonse !"

"Pourquoi n’as-tu pas joué ta dame de cœur plus tôt ?"

"Oh, c’est bientôt Saint Valentin, notre Alphonse est amoureux.

Les rires transpercent le cœur de l’ange.

Amoureux… Amour… Amourette… Cupidon…

L’ange de marbre remarque la Joconde sur les cartes à jouer. Un visage reproduit un nombre incalculable de fois. Le pouvoir de la beauté et celui de l’art à travers les siècles. Il regrette un peu de n’avoir pas eu cette envergure-là…

Dans le petit parc, un jeune homme fait les cent pas. Sa correspondante lui avait fixé rendez-vous au pied de l’ange. "Tu verras, ce n’est pas difficile, il n’y en a qu’un", lui avait-elle dit au bout du fil. Le jeune homme avait rêvé. Elle l’avait envoûté avec les mots tapés sur le clavier de son ordinateur, elle l’avait charmé avec sa voix. Il était impatient de la rencontrer.

Le jeune homme regarde partout. Aucun ange sur un socle ! Rien qu’un socle sans statue !

La jeune fille était venue jusqu’au petit parc. À travers les grilles, elle avait cherché l’ange du regard. Il avait disparu. Elle n’avait su que faire. Elle avait oublié le numéro de portable du jeune homme. Elle avait pris de l’avance, il lui restait presque une demi-heure à attendre. Elle est entrée dans le bar. Elle s’est assise près de la fenêtre, a commandé un chocolat chaud et s’est laissée séduire par la musique en faisant abstraction des secondes qui s’écoulaient…

L’ange regagne la salle. Il observe la jeune fille près de la fenêtre. Il lui sourit. Il s’assied en face d’elle. Il lui dit ce qui lui vient car il n’a pas appris à parler aux femmes. Il lui dit qu’il la trouve jolie, qu’elle a de beaux yeux bleus, que son écharpe rouge lui sied à merveille, qu’il adore cette musique, qu’il fait chaud dans le bar, qu’il voudrait y rester longtemps encore à ses côtés. Les paroles de l’ange sont délices. La jeune fille l’écoute. Elle en oublie le jeune homme.

Les minutes passent. Ainsi s’éloignent les pas du temps en petits mots, en petits sourires.

Dans le parc, le jeune homme grimpe à grand peine sur le socle inoccupé. De là-haut, il observe la façade du bar, les pas dans la neige, les arbres dénudés. Il se désole. Il espère qu’elle va venir.

L’ange de marbre parle, parle, parle, parle avec la jeune fille. Il rattrape les instants perdus en silences. Ainsi naissent les histoires d’amour.

Plus tard, la jeune fille emmène l’ange dans un petit restaurant à l’autre bout de la place. Ils s’en vont en se tenant la main. Ils passent à travers le parc et ne jettent pas un regard vers le jeune homme de marbre sur le socle de pierre. Ainsi s’éloignent les pas du temps. Ainsi s’en vont les amoureux, ils marchent sur les étendues blanches comme s’ils marchaient sur une plage déserte. Ils s’enfoncent dans le temps comme s’ils étaient devenus éternels.

Ainsi se solidifient les chagrins, les déceptions, les regrets, les joies, les plaisirs, les désirs dans la chair de la mémoire.

Transformation, transmutation, transfiguration. Ainsi avait fait un artiste en sculptant le marbre. Ainsi fait le temps qui métamorphose jusqu’au cœur des pierres et jusqu’aux esprits aveuglés par la passion.

jeudi 29 mai 2008

Grandir

« Le petit Juju !!! »

Combien de fois, Julien n’a-t-il entendu ces trois mots qui le font souffrir ? À la maison, à l’école, au club de football, on se plaît à l’appeler ainsi, à enfoncer le clou. Il le sait bien, Julien, qu’il est petit, un peu trop petit pour ses huit ans. Il n’y peut rien car, voyez-vous, s’il savait que faire pour grandir, il le ferait.

Il réfléchit souvent à la question. Il mange sa soupe même celle aux poivrons ou aux endives, des légumes qu’il n’apprécie pas.

Un jour, il a même lu un article dans un magazine féminin où on expliquait aux femmes quelles astuces employer pour paraître plus mince, plus grosse, plus petite ou plus grande mais Julien n’allait quand même pas mettre des talons aiguilles ou porter des jupes !

Pourtant, tous les matins Il s’étire longuement et dès qu’il en a l’occasion, il n’hésite pas à se suspendre aux branches du cerisier.

Un mercredi, sa mère et sa tante Claire parlent ensemble tandis que Julien joue sur sa console de jeux. Une chance, Julien saisit quelques bribes de leur bavardage : « Il paraît, figure-toi, que l’herbe et les plantes grandissent la nuit. »

« Ben oui, j’ai déjà entendu ça aussi. D’ailleurs, c’est souvent de bon matin, en jetant un premier coup d’œil au jardin, que je me rends compte qu’il faudrait tondre… »

Hé oui ! Et si les enfants étaient comme les végétaux, s’ils grandissaient la nuit ? En voilà une idée : allonger ses nuits, pour grandir davantage…

Ce soir-là, dès vingt heures, Julien se met à bâiller. « Hum, je suis fatigué. Je vais me coucher. »

« T’es pas malade au moins ? »

« Mais non, Maman, j’ai beaucoup couru au cours de gym… »

Voilà chaque soir, le même type de scénario se reproduit. Une demi-heure de plus dans son lit, l’espoir de grandir plus vite. Fini de mendier quelques minutes pour finir un dessin, regarder la télévision ou une cassette.

Plus question non plus de laisser les tentures de sa chambre entrouvertes. Tous les soirs, Julien s’assure même que celle de gauche recouvre un peu celle de droite ! Pour lui, l’obscurité doit être totale dans sa chambre pour ne pas compromettre le résultat attendu !

Vers l’âge de dix ans, Julien s’est mis à pousser comme un champignon. On a continué à l’appeler Juju, mais de moins en moins souvent « le petit Juju ».

Je ne sais pas si l’accélération de sa croissance est un effet des nuits un peu plus longues que s’offrait Julien mais vous pouvez raconter cette histoire vraie de vraie aux enfants qui rechignent à aller se coucher !

mardi 22 avril 2008

Le chat de Mitch...

Il y a quelques jours, un membre de l'équipe d'impro de Quiévrain m'a parlé de l'histoire d'un chat voleur. Je lui dédie ce petit conte accomodé à ma sauce ! Avec mes amitiés à Mitch et à son chat !

UN NOËL DE CHAT

Mi-décembre. Marie vient de déménager. Pas envie de décorer sa petite maison à l’occasion de Noël. Pas envie surtout de rechercher les deux cartons qui contiennent le sapin artificiel, les boules, les anges, les étoiles, les guirlandes, les nœuds, la crèche. D’ailleurs pour qui décorerait-elle puisqu’elle passera le réveillon chez son fils et le jour de Noël chez sa sœur ?

Ce jour-là, Nelson, son chat rentre en tenant dans sa gueule, un ange rose en feutrine. « Oh Nelson où es-tu donc allé chercher cela, petit bandit ! » Marie gronde un peu mais pose l’ange sur la cheminée. Le lendemain matin, c’est un petit sapin en carton puis un bout de guirlande argentée que ramène Nelson. Marie a beau dire : « Petit bandit, il ne faut pas voler », de chacune de ses sorties, Nelson ramène quelque chose : enfant Jésus en carton, nœuds en tissu, anges en feutrine, sapins en carton. Chaque fois, le même rituel, les gronderies puis le dépôt de l’accessoire sur la cheminée tout à côté de la vasque de jacinthes que sa fille lui a offerte le jour de l’aménagement.

Marie se demande d’où cela peut venir. Le vingt-trois décembre, Nelson ne rapporte plus rien de ses escapades. Marie en déduit qu’il a sans doute pris ces petites choses dans une poubelle proche de la maison. Mystère résolu ! Jusqu’au jour où faisant le tour du quartier, elle remarque l’école maternelle ! Collés aux fenêtres, les mêmes anges et sapins que ceux qu’elle a chez elle ! Marie comprend.

Les vacances terminées, Marie va rapporter tout son trésor à l’école. Elle explique : « C’est mon chat. Un malin celui-là. Il s’est vite repéré ! » Alors l’institutrice invite Marie à parler aux enfants des fêtes de Noël de sa jeunesse. Marie s’y plie de bonne grâce.

De temps à autre, Marie revient à l’école pour lire un album aux enfants, pour leur conter des légendes du pays, pour leur faire goûter ses crêpes. Quant à Nelson, il ne peut s’empêcher de l’y accompagner. Gageons qu’aux environs de Pâques, il apportera à Marie quelques œufs ou poussins en carton !

samedi 22 mars 2008

Le petit œuf oublié

C’est l’histoire d’un petit œuf, un petit œuf oublié dans un jardin de grand-mère, un jour de Pâques.

Le matin même, la cloche l’avait laissé choir dans la pelouse, le chien lors de sa sortie matinale s’en était amusé et l’avait fait rouler sous la haie. Quand vint le moment tant attendu de la chasse aux œufs, les enfants ne le remarquèrent pas. Trop petit, trop discret sans doute ! Pourtant, il était bien joli, tout enrobé de papier doré. Il aurait suffi de se baisser et d’être un rien attentif pour le repérer.

Le temps avait passé. Les heures, les jours, les mois, les saisons, une année entière. Il avait senti les rayons du soleil et les souffles du vent, l’humidité et la sécheresse. Il avait eu froid et il avait eu chaud. Il était resté sous la haie. Le jardinier n’y avait pris garde quand il avait taillé, les enfants ne l’avaient pas plus remarqué lorsqu’ils avaient joué à cache-cache que lors du fameux dimanche de Pâques.

L’année suivante, petit Sam qui avait grandi, chercha lui aussi des œufs dans le jardin. Ses frères et ses cousins étaient plus perspicaces et plus rapides que lui mais c’est lui qui vit au bas de la haie une belle poule recouverte par endroits d’un peu de papier doré. Le petit œuf avait grandi et petit Sam en avait fait la gourmande découverte.

mardi 19 février 2008

CURIOSITÉ ET MORALITÉ

22 octobre 2007

Mes jours sont cousus de curiosité. Je tire les fils de mystères suspendus à une chambre à demi éclairée, à une fenêtre entrouverte, à une porte entrebâillée, à un bouton défait, à une tache de rouge à lèvres, à une démarche inhabituelle. Chaque jour, je suis entraînée à regarder le caché, à saisir le refoulé.

J’ai près de quatre-vingts ans et je vis seule au premier étage d’un immeuble qui en comporte neuf. Je connais tous les occupants. Ma vie manque de sel et mes jours ne sont plus cousus que de ce désir un peu malsain de voir ce que je ne suis pas censée voir, d’entendre ce qui ne m’est pas destiné.

Aujourd’hui, vers dix-sept heures, j’étais occupée à lire un magazine féminin lorsque j’ai entendu des bruits de pas et de voix. J’ai ouvert doucement la porte de mon appartement qui débouche sur le palier. Quelques centimètres d’ouverture sur le monde extérieur…

Je les ai vus. Lui et elle. Lui, Maxime, le jeune ingénieur qui loue le studio du deuxième étage. Elle, la nièce de Mademoiselle Thomas, qui était venue arroser les plantes dans l’appartement de sa tante hospitalisée depuis près de quinze jours.

Je les ai vus mais ils n’ont pu me voir. Ils étaient là, à portée de curiosité.

La tante était à l’origine de leur rencontre. J’ai assisté à cette première rencontre. C’était le jour du passage du tour de France dans notre belle cité. Nous étions tous là, serrés les uns contre les autres sur la grande terrasse du deuxième : Maxime, la jeune vendeuse, moi, les locataires du cinquième, la concierge, Mademoiselle Thomas, le kinésithérapeute du rez-de-chaussée. C’est ainsi qu’ils se sont rencontrés.

Après avoir vu passer les coureurs, nous avons tous pris un rafraîchissement. J’ai noté que la jeune vendeuse n’avait de regard que pour le jeune ingénieur. Pour faire concret, disons que c’était comme la rencontre de Pauline Carton et de Gérard Philippe ! Bref, un couple mal assorti. Je les ai vus parler ensemble et quitter ensemble l’appartement de la tante.

Quelques mois plus tard, Mademoiselle Thomas a été hospitalisée. Sa nièce est venue arroser les plantes, chercher du linge, des effets de toilette et des livres. Je suis sûre qu’à chaque visite dans l’immeuble, les deux jeunes se voyaient.

Aujourd’hui, je les vois, je les écoute. Ils sont l’un en face de l’autre.

« J’adore Stephen King. Si tu veux, je te passerai ‘La ligne verte’ »…

« Quelle bonne idée ! Si nos goûts littéraires sont aussi proches que nos goûts musicaux, je suis certain que cela me plaira. »

Je vois la main de Maxime qui se pose sur l’épaule de la jeune fille. Ils restent ainsi immobiles, comme suspendus au bonheur, au désir, au frémissement des débuts d’une relation. Ils auraient pu, oui ils auraient pu, avoir cette conversation dans l’appartement de la tante ou dans le studio du jeune homme. Hé bien non, ils ont choisi de se parler là, sur le palier, sur mon palier !

Ils auraient pu ne pas éclairer. Hé bien non, ils s’exposent à la lumière !

Je vois le visage du jeune homme qui s’approche de celui de la jeune fille. Il l’embrasse pudiquement puis ils se regardent longuement. Ils se séparent. Elle court dans l’escalier. Joie de la jeunesse…


29 octobre 2007

Aujourd’hui, vers dix-neuf heures, je vais mettre les gouttes dans les yeux de Monsieur Paul, le vieux du sixième. Je croise Maxime qui sort de son studio. Il sifflote tandis qu’il tourne la clef dans la serrure. Je lui lance un bonsoir clair et amical.

Puis, je dis, comme pour casser cette sorte de malaise ou plutôt de timidité que je sens naître entre nous : « Violette, la nièce de Mademoiselle Thomas doit se marier à Pâques avec Jérôme, le fils de la concierge. J’espère que Mademoiselle Thomas sera tout à fait rétablie pour l’occasion. »

Je vois Maxime blêmir. Il dit : « J’ai oublié quelque chose… » et rentre dans son studio.

Mes jours sont cousus de curiosité, brodés de moralité.

Aujourd’hui, je crois bien que j’ai fait œuvre utile. J’éprouve une sorte de contentement. J’ai accompli mon devoir. Jérôme, cher Jérôme, toi qui trimes comme un damné, toi qui travailles le jour et fais des études le soir, sache que je veille au grain !


1er novembre 2007

Mademoiselle Thomas est rentrée chez elle. Violette passe la journée auprès d’elle.

Je rentre de ma visite au cimetière lorsque je rencontre Violette qui revient avec un paquet de chez le boulanger.

Je la salue amicalement.

Elle me répond de manière abrupte. « Vieille chipie, vous ne pouviez pas la fermer ? Vous voulez sûrement tout savoir n’est ce pas ? Vous allez le savoir. Jérôme et moi, ça collait de moins en moins. J’avais décidé de rompre en douceur… Je dis : ‘en douceur’, un mot que vous devez ignorer, vieille chipie… »

La voilà les joues en feu, le visage gonflé par la colère, les cheveux décoiffés. Encore moins belle qu’à l’ordinaire !

« Violette, Violette. Reprends-toi. Je ne saisis pas de quoi tu parles… »

« Vous le savez trop bien, vieille chipie ! »

Je veux me rapprocher d’elle, poser ma main sur mon épaule, trouver un mot de bonne sœur pour lui faire comprendre qu’il ne faut pas désunir ce que Dieu allait unir. Elle me devine. Elle hurle : « Stop, vieille garce ! » puis se met à sangloter.

Mes jours sont cousus de curiosité. Parfois cette curiosité me permet de venir en aide à des voisins. C’est ainsi que j’ai témoigné lors d’un accrochage survenu en face de l’immeuble et que j’ai averti la demoiselle du quatrième que son papa avait de plus en plus de mal à lever le bras pour atteindre le bouton de l’ascenseur. Ma curiosité fait le bonheur des uns, le malheur des autres.


11 novembre 2007

La concierge a demandé à venir sur mon petit balcon pour voir la cérémonie du souvenir. Elle adore le cérémonial du dépôt de gerbes au monument aux morts de la première guerre et surtout la présence de la fanfare militaire. « Je suis en froid avec Mademoiselle Thomas. Je pourrai venir chez vous ? »

Il est 10 heures 50. Nous sommes l’une près de l’autre sur mon balcon. Nous attendons l’arrivée des anciens combattants. Elle me dit : « Pauvre Jérôme. Il est tout tourneboulé. Il est de plus fourré dans ses livres d’informatique. Violette a rompu avec lui. Il était fou de cette fille. Moi, je ne l’aimais pas beaucoup. Plutôt moche et pourtant capable de faire tourner la tête des garçons. Vous auriez dû voir au dernier réveillon de Noël, sa façon d’aguicher mon neveu Éric pendant que Jérôme était allé reconduire notre vieille cousine. Faire ça devant Mamy Claire et Papy André et devant sa future belle-mère, quel culot quand même ! »

Voici qui m’absout de ma confidence à Maxime !

Puis la concierge me parle des jeunes du cinquième qui vont acheter un chiot, de Maxime qui serait sur le point de se fiancer avec la fille de son chef. Je lui parle de Monsieur Benoît qui envisage d’entrer dans un home et de Madame Rosin qui joue au poker sur Internet. Rumeurs, certitudes, blabla qui comblent nos ennuis de femmes seules et mettent du piment dans nos vies ! Entre nous deux, c’est un pacte tacite ! Ce que l’une sait, elle le partage avec l’autre...

vendredi 1 février 2008

Pour bien préparer Saint Valentin

SI L’AMOUR

Si l’amour pouvait circuler comme la lumière
Dans les veines du jour,
Si l’amour était le seul élan du désir,
Si l’amour était l’unique messager des pensées,
Si l’amour était de tous les voyages,
De toutes les ardeurs,
De toutes les saisons,
De toutes les existences,
La paix ne serait-elle pas la mélodie
De tous les instants,
Et la tendresse, l’héritage
De tous les cœurs ?

Premier message


Comme j'étais un peu jalouse de Louis, j'ai décidé, moi aussi de vous offrir ce blog.

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